Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/319

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couvent par les Sarrasins, serait venue se réfugier dans la célèbre grotte, peu connue alors, où elle aurait vécu dix-sept ans, vénérée par les gens du pays. La cassianite Madeleine, morte à Saint-Maximin, enterrée dans un monastère de l’ordre de Saint-Benoît, est devenue, avec le temps, disent-ils : Sainte-Madeleine, la pècheresse, — pour la plus grande gloire de la Sainte-Baume.

Quoi qu’il en soit, on a, de ce point, une vue incontestablement merveilleuse. Il n’existe de comparable, dans le pays, que celle dont on jouit du haut de la promenade de Grasse.

Une source, à laquelle on attribue des vertus spéciales, jaillit de la grotte et devient l’Huveaune, qui passe à Aubagne (Bouches-du-Rhône) et se jette dans la mer, à l’est de Marseille, au-dessous du Prado.

Je dois mentionner aussi la magnifique grotte de Villecroze, qui s’ouvre au pied d’une cascade et que des stalactites, offrant toutes les combinaisons de l’architecture la plus fantaisiste, tapissent et décorent d’un albâtre insensiblement déposé par les gouttes d’eau suintant, avec lenteur, de sa voûte de quinze mètres d’élévation. Il serait impossible de décrire l’effet de la lumière des torches sur les parois et les piliers d’albâtre des galeries successives de cet admirable souterrain.

Les cascades ne manquent pas plus que les grottes. Voici les plus dignes d’être visitées : celle de la Bresque, à Sillans ; celles de Barjols ; les chutes du Nartuby, près de Trans, et à la Motte, — on nomme celle-ci « le saut du Capelan » ; — la cascade de Grasse ; la chute de la Siagne, près de Saint-Vallier, au lieu dit « le Pouan à Diou », et celles de l’Estéron, à « la Clue » de Saint-Auban.