Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/327

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nombre de familles aristocratiques, enserrent de fort près un grand nombre de bourgades, et restreignent trop la surface des terrains cultivés par leurs habitants. Des droits d’usage traditionnels grèvent, au profit de ceux-ci, beaucoup de forêts, et compensent, dans une certaine mesure, la gêne de leur voisinage. Mais, lors de l’examen des titres sur lesquels ces droits reposent et de la manière d en régler l’exercice, les grands propriétaires se montrèrent toujours moins conciliants que l’administration forestière, gardienne si vigilante, pourtant, des intérêts de l’État et de ceux des communes dont les bois sont soumis à son régime. Des arrêts de la Cour d’Aix, rendus sous la Restauration, au profit de grandes familles, réduisirent notablement, et, dans plusieurs cas, déclarèrent mal fondées les prétentions des communautés d’habitants sur leurs forêts. — Or, les populations n’ont jamais cessé de protester contre ces décisions souveraines, entachées, suivant elles, de favoritisme ou d’abus de hautes influences.

Du reste, la proximité de bois, grevés ou non de droits d’usage, est une tentation incessante pour les déprédateurs, et une occasion de fréquents délits de dépaissance. Pour les préserver de dévastations qu’une grande sévérité peut seule contenir, les gardes publics et privés dressent des procès-verbaux, et les magistrat prononcent des condamnations, méritées, certes, par les délinquants, mais qui n’en laissent pas moins chez eux des ressentiments profonds. J’ajoute que la peine, d’ordinaire, dépasse notablement l’importance du dégât puni, ce qui rend, en général, favorable au condamné, le public, trop peu préoccupé des délits échappant à toute répression.