Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/328

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si les rancunes de beaucoup de communautés d’habitants et les haines des délinquants forestiers contre la grande propriété ne sont pas, comme on le croit, la cause principale des incendies qui dévastent périodiquement les bois de certaines contrées du Var, et qu’on doit imputer plutôt, selon mon avis, au peuplement résineux de la plupart, et aux ardeurs d’un soleil torride, elles font comprendre l’accueil réservé, dans ses campagnes, aux prédications socialistes

Dans tous les cas, une autre et très puissante raison ne contribua pas peu, chez les cultivateurs, et même parmi les petits propriétaires, au succès de doctrines promettant une nouvelle attribution des biens, et, par conséquent, de la propriété foncière : ils réclamaient, depuis longtemps, le partage des biens communaux, qui formaient, dans le Var, en dehors des bois soumis au régime forestier, de vastes espaces absolument improductifs : plus de 180,000 hectares ! Mais, ils avaient toujours échoué devant l’opposition des grands propriétaires, qui profitaient, d’une façon à peu près exclusive, de ces vacants, pour le pacage de leurs troupeaux, et qui détenaient le pouvoir municipal, sous la Restauration et même sous le régime électoral censitaire du Gouvernement de Juillet. Or, si les victimes de cette sorte d’oppression, n’étaient pas trop dupes des promesses des socialistes, elles pensaient obtenir, tout au moins, de leur triomphe, le partage des biens communaux, que l’Administration refusait toujours.

Quand cet étrange état de choses me fut révélé, je me hâtai de me déclarer, en toute occasion, favorable à la mise en culture de ces biens et prêt à donner mon