Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/336

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obtenait, d’abord, la Sous-Préfecture de Vitré ; puis, celles de Châteaudun et de Saint-Malo. Sa femme, une des beautés de Paris, une Reine de la mode, un peu sur le retour, ne l’accompagna dans aucune de ses résidences, pas même à Toulon ! Riche, disait-on, elle attendait, sans doute, qu’il devint Préfet, pour le suivre. Mais si, grâce à ses démarches, il me remplaça, quand je quittai le Var, il ne resta guère à Draguignan. Dès qu’il eut des rapports directs et suivis avec le ministère, son insuffisance apparut, trop évidente.

À Toulon, je m’efforçais de la couvrir, en y suppléant de mon mieux, parce que, malgré tout, il la compensait à mes yeux par un zèle extrême, par une grande activité, par un dévouement sûr. Consulté de Paris, confidentiellement, au sujet d’actes inconsidérés de mon Sous-Préfet, auxquels j’avais remédié, mais sans pouvoir toujours les taire, je dus, plus d’une fois, mettre en relief et même exagérer ses qualités, de peur que, non content d’user envers lui de remontrances, le Gouvernement ne m’envoyât, pour prendre sa place, un nouveau collaborateur valant encore moins.

Le voisinage du télégraphe constituait un danger permanent pour ce fonctionnaire toujours fébrile, préoccupé, d’ailleurs, de se faire valoir, et ne sachant pas mesurer les communications exceptionnelles qu’il pouvait adresser au Gouvernement par cette voie directe, en dehors des règles hiérarchiques. En 1852, il vint à Bordeaux, Inspecteur Général de Police, faire preuve des mêmes ardeurs intempérantes !

Le Sous-Préfet en fonctions à Brignoles, pauvre diable de journaliste, échoué dans ce poste modeste, laissait