Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/341

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dissoudre les conseils municipaux anarchistes, les remplacer par des Commissions Provisoires et faire ensuite appel aux électeurs, n’eût conduit qu’à des échecs pour mon autorité. La couardise de presque tous les conservateurs ne me laissait pas même l’espoir de former des Commissions Provisoires dans les localités mal-pensantes. Je considérai donc, pour mon compte, qu’à moins de scandales intolérables, le plus sage était, en attendant une législation meilleure, d’user, avec une extrême réserve, de la suspension des Maires et Adjoints, de leur révocation surtout, et de ne recourir qu’à bon escient, à la dissolution des Conseils Municipaux. En fait, je suspendis huit Maires seulement ( deux de chefs-lieux de canton), et six adjoints ; mais je dus faire révoquer neuf de ces quatorze officiers municipaux. Un seul Conseil Municipal fut dissous, celui de Toulon, mais par suite de démissions et de vacances.

Quand le Gouvernement, frappé des embarras causés à tous mes collègues, aussi bien qu’à moi, par l’application du décret de 1848, résolut de revenir au régime de 1834, je n’hésitai pas à lui déclarer que les avantages attendus par lui de cette mesure ne compenseraient pas, à beaucoup près, l’inconvénient certain de fournir aux partis un texte de déclamations passionnées. J’invoquai ma longue expérience personnelle de la loi de 1831, pour dire, dans une lettre au Ministre de l’Intérieur :

« Sans doute, le décret de 1848 place les maires électifs, vis-à-vis du Préfet, dans une position d’indépendance nuisible à la marche du service. Mais, sous le régime de 1831, le Maire, que le Préfet se voyait obligé