Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/342

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de prendre dans le sein d’un Conseil hostile, était-il bien réellement son subordonné ?

« Sans doute, le décret surexcite les dissensions locales, par la certitude qu’il donne aux vainqueurs de l’élection municipale, de s’emparer du Pouvoir dans la Commune, et de poursuivre la satisfaction de leurs rancunes contre les adhérents du parti vaincu. Mais, la loi de 1831 conduisait finalement aux mêmes résultats. Sous l’empire du Suffrage Universel, on verrait se développer, plus fréquemment encore, le germe de désordre qu’elle contenait.

« Le décret de 1848 a, du moins, le mérite d’épargner aux Préfets toute solidarité dans le choix des Maires et Adjoints dont il leur impose la collaboration, et de les affranchir des négociations sans dignité que la loi de 1831 les mettait dans la nécessité de suivre incessamment, pour faire accepter le Pouvoir Municipal à l’un des candidats, peu nombreux, entre lesquels l’exercice de sa prérogative était renfermé par l’élection, dans chaque localité.

« Les auteurs de la loi de 1831 croyaient éviter tout conflit entre le principe d’autorité et le principe électif, lorsqu’ils les confondaient ainsi dans la même personne. Ils n’avaient pas prévu qu’en fait, l’un serait toujours sacrifié à l’autre. Mieux valait, pour le juste équilibre des pouvoirs, tracer avec résolution leur limite, entre le Maire, délégué du Pouvoir Central, chargé seul, en cette qualité, de l’administration dans la Commune, comme le Préfet, de celle du Département, et le Conseil Municipal, produit de l’élection, chargé, au nom du pays, de contrôler les actes administratifs du Maire, comme le Conseil Général, ceux du Préfet. Cette combinai-