Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/364

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proposition Millard, qui tendait à lui faire infliger un blâme au sujet de la direction donnée à l’expédition d’Italie, n’avaient échoué qu’à 18 voix de minorité, seulement, dans la séance du 11 mai. L’Opposition put malheureusement prendre sa revanche de cette défaite, dans celle du 14, en faisant adopter, par la presque unanimité de l’Assemblée (519 voix contre 5), un ordre du jour dirigé sur M. Léon Faucher personnellement, au sujet d’une circulaire de son Chef de Cabinet, M. Frémy, relative au vote du 11, de telle sorte que le Ministre de l’Intérieur, à la politique sage et ferme duquel allait être dû le succès électoral de la cause conservatrice, succombant le jour même de son triomphe, se vit dans l’obligation de se retirer. Cette nouvelle inattendue me surprit et m’attrista profondément.

Dès le 15, M. Léon Faucher voulut m’expliquer lui-même la nécessité de sa démission, et j’extrais de ma réponse, du 18, le passage suivant :

« Placé dans un poste assez obscur, mais semé de difficultés, de dangers même, où je ne puis compter sur personne, je me sentais soutenu, dans ma tâche ingrate, par la certitude d’avoir en vous un appui qui ne pouvait défaillir. L’appréciation, si flatteuse, que vous faites de mes services, excite ma reconnaissance, mais augmente encore mes regrets. »

M. Lacrosse, Ministre des Travaux Publics, fut chargé de l’Intérieur jusqu’au 15 juin, quand le cabinet dont M. Odilon Barrot était le solennel Vice-Président, fit place à celui, de nuance plus parlementaire, où MM. Dufaure, de Tocqueville, de Falloux, de Tracy, Lanjuinais et le général Rulhière prirent place, à côté de