étonnés d’apprendre ainsi outre les secrets de la culture, celui du plaisir et de la santé que donne l’air du matin. Vingt années de suite cette école a distribué l’instruction à des hommes de tous les rangs qui l’ont disséminée à leur tour sur tous les points de la France et de l’Europe. Une grande partie du jardin a été appropriée à cet usage. On y a disposé dans des carrés distincts des plantes céréales, potagères ou autres. On y a donné des exemples des diverses sortes de haies vives ; toutes les greffes imaginables y ont été pratiquées, et il en est résulté des faits très-importans pour la physiologie végétale, en même temps que des variétés nouvelles et agréables de fruits et de fleurs. M. Thouin y a fait, en un mot, tout ce qu’il étoit possible de faire dans un petit espace, et a donné à pressentir le parti que l’on pourroit tirer d’un établissement plus étendu.
Dans l’antiquité payenne, de pareils bienfaits se récompensoient par des autels ou par des statues. M. Thouin ne rechercha pas même les honneurs modestes que nous leur décernons, ou ne les reçut qu’avec regret. Sa modestie et sa réserve ont été sans égales. Jamais il ne se refusa à aucun travail, et jamais il ne demanda aucune récompense. Ni à l’époque où il lui eût été plus facile qu’à personne de s’appuyer de la faveur du peuple, ni à celle où les hommes en pouvoir n’auroient pas mieux demandé que de s’honorer eux-mêmes en l’élevant, il n’a voulu être ou paroître que ce qu’il avoit été dès l’enfance. Les moyens qui lui avoient suffi à dix-sept ans pour nourrir et élever sa famille, devoient, disoit-il, lui suffire lorsqu’ayant placé chacun de ses frères et sœurs, il n’avoit plus à songer qu’à lui-même. La vanité