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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/108

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la loi de trois ans

Il faudra susciter des troubles dans le nord de l'Afrique et en Russie ; c'est un moyen d'absorber les forces de l'adversaire. Dans la prochaine guerre européenne, il faudra aussi que les petits États soient contraints de nous suivre ou soient domptés.

Du côté de notre frontière du nord-ouest, le but vers lequel il faut tendre, c'est de prendre l'offensive avec une grande supériorité dès les premiers jours. Pour cela, il faudra concentrer une grande armée suivie de fortes formations de landwehr qui détermineront les armées des petits États à nous suivre, ou tout au moins à rester inactives sur le théâtre de la guerre, et qui les écraseraient au cas de résistance armée. Si l'on pouvait décider ces États à organiser leur système fortifié de telle façon qu'il constitue une protection efficace de notre flanc, on pourrait renoncer à l'invasion projetée. Mais pour cela il faudrait aussi, particulièrement en Belgique, qu'on réformât l'armée, pour qu'elle offrît des garanties sérieuses de résistance efficace. Si, au contraire, son organisation défensive était établie contre nous, ce qui donnerait des avantages à notre adversaire de l'Ouest, nous ne pourrions, en aucune façon, offrir à la Belgique une garantie de la sécurité de sa neutralité. Un vaste champ est donc ouvert à notre diplomatie pour travailler dans ce pays dans le sens de nos intérêts.

Les dispositions dans ce sens permettant d'espérer que l'offensive peut être prise aussitôt aurpès la concentratioon complète de l'armée du Bas-Rhin, un ultimatum à brève échéance, que doit suivre immédiatement l'invasion, permettra de justifier siffisament notre action au point de vue du droit des gens.

Tels sont les devoirs qui incombent à notre armée et qui exigent un effectif élevé. Si l'ennemi nous attaque, ou si nous voulons le dompter, nous ferons comme nos frère d'il y a cent ans : l'aigle provoqué prendra son vol, saisira l'ennemi dans ses serres serrées, et le rendra inoffensif. Nous nous souviendrons alors que les provinces de l'ancien empire allemand : comté de Bourgogne et une belle partie de la Lorraine sont encore aux mains des Francs, que des milliers de frères allemands des provinces baltiques gémissent sous le joug slave. C'est une question nationale de rendre à l'Allemagne ce qu'elle a autrefois possédé.

A l'heure qu'il est, après les événements de 1914-1918, la lecture de ce document prend une importance particulière,