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parler à sa place. Ce fut son discours que je prononçai à peu près intégralement et je n'y apportai que quelques modifications de détail. Je m'efforçai de démontrer que la qualité des troupes est fonction de deux élements principaux : l'instruction et la cohésion, qui nécessitent tous les deux une augmentation de l'effectif de paix. Il importait, en effet, que les éléments actifs, en qui réside la force de cohésion, pussent s'assimiler les élements de réerve, et ne fussent pas noyés par l'afflux de ces derniers.

Ces considérations nous avaient conduits à fixer à 140 hommes le minimum d'effectif pour les compagnies d'infanterie de l'intérieur ; ce chiffre correspondait dans la compagnie mobilisée à une proportion de réservistes au plus égale à celle des hommes de l'armée active : de cette manière, nous pouvions espérer n'être pas en infériorité trop sensible par rapport aux unités similaires allemandes, où les effectifs de paix allaient être porté à 160 hommes par compagnie.

En ce qui concernait les unités de couverture, la nécessité où nous étions de pouvoir porter en quelques heures nos unités de couverture à leur effectif de mobilisation, nous conduisait à demander 200 hommes par compagnie.

La Chambre voulut bien écouter mon argumentation et témoigner à l'orateur improvisé que j'étais une attention qui marquait toute l'importance qu'elle attachait à la question.

Finalement, le vote définitif de la loi ne fut acquis que le 19 juillet par 358 voix contre 204.

Trois jours plus tard, M. Étienne déposait le texte voté par la Chambre sur le bureau du Sénat, marquant ainsi l'urgence qu'il y avait à aboutir. Un rapport favorable de la Commission de l'armée du Sénat fut déposé par M. Doumer, président de cette commission dès le 25 juillet, et le 31 les débats commençaient devant la Haute Assemblée. La discussion fut assez brève, malgré que d'inévitables contre-projets eussent été déposés. Je n'assistai point aux séances. Mais, d'ores de déjà, il paraissait que