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en outre, en vertu de l'article 9 du décret du 3 avril 1906, que le chef d'état-major général (c'était alors le général Dubail) assistât à cette séance du Conseil.

La demande du ministre n'avait pas reçu de réponse satisfaisante.

Le 28 juillet 1911, le Conseil avait été réorganisé, et sa première séance devait, dans cette nouvelle forme, avoir lieu en octobre. Je profitai de la circonstance pour demander à M. Messimy que ces questions de base fussent examinées à cette séance. J'exposai au ministre que, jusqu'ici, la situation extérieure et les conséquences qu'elle devait entraîner dans la répartition générale des forces n'avaient jamais été étudiées d'une manière précise et complète. Je tirai argument du fait que l'accord franco-italien signé le 1er novembre 1902 entre M. Prinetti et notre ambassadeur, M. barrère, m'avait été connu du chef d'état-major général que le 10 juin 1909, et que, comme conséquence de l'ignorance dans laquelle l'état-major de l'armée était resté durant toute cette période, nous avions continué à maintenir dans les Alpes une armée importante et inutile.

Le ministre se rangea volontiers à mon avis, et, à la date du 28 septembre, il insista par écrit auprès de M. Caillaux, président du Conseil, pour que les questions dont je venais de parler fussent étudiées au prochain Conseil de Défense nationale. Mais il n'eut pas de succès, et M. Caillaux répondit par une fin de non-recevoir.

Cependant, au début du mois suivant, une nouvelle note fut adressée au président du Conseil :

Notre plan de guerre est fonction de la situation de la France par rapport aux autres nations. C'est au gouvernement qu'il appartient de définir le but à atteindre, de poser les assises du plan de guerre en laissant toute initiative aux ministres compétents pour préparer le moyens d'exécution, et aux généraux commandant les armées pour arrêter leurs projets d'opérations.

Le travail préliminaire doit être fait en collaboration par tous les départements ministériels. C'est ainsi notamment qu'avant