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neutralité de la belgique

Luxembourg, en même temps qu'une tête de pont sur les plateaux de la rive gauche. Entre Metz et les Vosges restaient 80 kilomètres environ de frontière ouverte. Mais ce champ d'action était lui-même divisé en deux couloirs par la région des Étangs, l'un, la trouée de Delme large de 40 kilomètres, l'autre, le couloir de Sarrebourg qui en avait à peine 20.

Nous avions été amenés à rechercher quels pouvaient être les êtres généraux de concentration allemande, et quel rôle le système fortifié allemand pourrait avoir à y jouer. Nos études nous avaient conduits à envisager trois types de concentration : le premier correspondant au cas où les territoires neutres seraient entièrement respectés ; le second, au cas où la Belgique serait violée à priori, avec maintien d'une attitude défensive en Alsace et en Lorraine ; le troisième, au cas d'une offensive partat de Lorraine avec violation limitée et peut-être retardée du Luxembourg belge.

La première hypothèse correspondait à l'idée qui avait animé le vieux Moltke en 1870 : rejeter les armées françaises vers le Nord par une attaque sur le front Épinal-Toul combinée par une attaque secondaire en Woëvre. Dans ce cas, le système fortifié Metz-Thionville n'aurait qu'un rôle secondaire à jouer, celui d'une tête de pont offensive au profit de l'attaque secondaire ; ce rôle ne semblait pas justifier l'énormité des fortifications élevées dans cette région depuis 1870.

La deuxième hypothèse transportait la manoeuvre en Belgique. Elle rappelait le plan étudié dans un grand kriegspiel fait en 1906 par l'état-major allemand, et qui était venu à notre connaissance. Dans cette hypothèse, le rôle de la Moselstellung devenait considérable ; d'une part, elle renforcerait le front défensif de Lorraine en menaçant de flanc toute offensive française qui s'avancerait entre les Vosges et la place de Metz ; d'autre part, elle servirait de pivot à l'aile marchante tout en masquant les déplacements de forces vers la régioon de Trèves.

La troisième hypothèse pouvait répondre aux préoccu-