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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/149

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la préparation allemande

frontière seraient à effectifs renforcés ; nous devions, en conséquence, envisager l'éventualité d'une attaque brusquée dans les tout premiers jours de la mobilisation, et même le premier jour, si nos adversaires parvenaient à dissimuler les premières opérations de leur mobilisation. Quant au reste de l'armée allemande, il paraissait certain que sa concentration s'effectuerait dans un délai plus court qu'il n'était prévu auparavant. Or, nos 3 corps d'armée qui montaient la garde à la frontière, étaient en infériorité numérique trop marquée par rapport aux 5 corps d'armée allemands qui leur faisaient face. J'ai dit dans le chapitre précédent comment la loi de trois ans votée en France le 6 juillet 1913 nous permet de parer au danger qui menaçait notre couverture.

Après avoir défini ce que nous savions de l'armée allemande, il importe maintenant d'indiquer les hypothèses que nous faisions sur les plans d'opérations de nos futurs adversaires.

Tout d'abord, il était possible que l'état-major allemand reprit le plan du vieux Moltke — les documents d'après guerre nous ont prouvé que nos adversaires y ont songé — en engageant l'offensive principale contre la Russie, et en se contentant, au début, sur le front occidental d'observer une attitude défensive. Il était évident que dans cette hypothèse les Allemands n'avaient pas intérêt à violer les territoires neutres de Belgique et du Luxembourg, et que la droite de leur déploiement stratégique se limiterait à la région de Trèves. Dans ce cas, étant donné nos engagements, la Belgique nous eût été pareillement interdite.

Ce plan offrait pour l'Allemagne d'incontestables avantages ; en particulier, il rendait très improbable l'intervention des Anglais à nos côtés. Cette solution nous codamnait à déployer toutes nos forces entre le Luxembourg et les Vosges, en face de la redoutable position de Metz.

Une autre hypothèse était celle où les Allemands prendraient tout d'abord l'offensive contre nous, en conservant une attitude défensive vis-à-vis des Russes, tant