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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/181

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mémoires du maréchal joffre

Cependant, les lois des cadres soumises au Parlement allaient servir de base à une réorganisation profonde de l'armée ; en particulier, celle qui concernait l'infanterie avait pour but essentiel d'organiser plus solidement le commandement et l'encadrement des troupes de réserve, et de nous permettre d'envisager l'emploi de certaines divisions de réserve dans les armées de première ligne. La loi relative à la constitution des cadres et des effectifs de l'artillerie fut promulguée le 13 décembre 1912. M. Millerand, ministre de la Guerre, d'accord avec M. Étienne, président de la Commission de l'armée à la Chambre des députés, s'employa à faire aboutir le plus tôt possible les lois en question ; le 12 décembre, la Chambre votait le projet concernant les cadres de l'infanterie qui lui avaient été soumis, et le Sénat émettait le 21 décembre, sans discussion, un vote favorable. Quant à la loi des cadres de la cavalerie, elle fut acceptée par la Chambre dès le 2à décembre, mais elle ne fut adoptée définitivement par le Sénat que le 27 mars 1913. Cette loi aboutit à l'endivisionnement de la majeure partie des régiments de cavalerie.

Par conséquent, dès la fin de l'année 1912, nous avions acquis la certitude de pouvoir bâtir notre nouveau plan de concentration selon les prévisions que nous avions faites sur la réorganisation générale des forces actives et des unités de réserve. Mais, à cette époque, de nouvelles préoccupations vinrent remettre en question une partie des éléments du plan que je venais de faire étudier. La loi votée en juin par le Reichstag avait déjà porté ses fruits : notre couverture, telle que nous l'avions envisagée, n'était plus en mesure d'arrêter l'élan des cinq corps ennemis qui lui étaient opposés ; il fallait donc qu'elle fût augmentée et portée à la valeur de cinq corps d'armée, afin que l'éventualité d'une attaque brusquée devînt improbable, ou, tout au moins, si elle venait à se produire, que nous fussions en mesure d'y faire face. Ces considérations, comme je l'ai déjà dit, contribuèrent à nous convaincre que la loi de recrutement de 1905 n'était plus suffisante, et que seul un service de trois ans serait susceptible de porter à l'effectif