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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/194

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la mise sur pied du plan xvii

successives que le plan XVI avait subies ; elles étaient de nature à nous faire craindre que le fonctionnement de la concentration ne fût plus assuré dans des conditions d'ordre et de régularité qui étaient indispensables.

J'ouvre ici une parenthèse pour rapporter un fait assez curieux qui fut soumis le 17 mai au Conseil supérieur de la Défense nationale.

Dans la séance du 9 janvier 1912, le ministre de la Marine avait exprimé l'avis que la maîtrise de la mer devait être acquise complètement avant que les transports des troupes de l'Afrique du Nord vers la France ne fussent entamées ; le Département de la Marine estimait, en conséquence, que ces transports ne pourraient commencer qu'à la date prescrite par le vice-amiral de Lapeyrère ; le ministre de la Guerre, au contraire, demandait que ces transports aient lieu par les bateaux des compagnies de navigation de la Méditerranée pouvant naviguer isolément, les premiers partant dès le cinquième jour d'Alger, d'Oran, de Philippeville ou de Bizerte à destination de Marseille où leur arrivée était prévue quarante-huit heures après. Or, au cours de la discussion en séance, le président de la République exposa qu'il serait peut-être avantageux d'accepter une proposition du roi d'Espagne, qui consentait à nous fournir une base navale aux Baléares, ou même à assurer le transport du 19e corps à travers l'Espagne. Cette proposition était intéressante et méritait d'être étudiée. On décida d'entreprendre, de concert, entre la Guerre et la Marine, des études pour pousser cette question à fond.

Le 4e Bureau de l'état-major de l'armée (Commission des chemins de fer du Midi) présenta les objections suivantes : si le débarquement de nos troupes avait lieu à Barcelone, l'avantage de l'opération serait mince ; si, au contraire, le débarquement avait lieu dans la région Carthagène-Alicante, la sécurité de nos troupes pendant la traversée serait facilement assurée, mais le rendement de la voie ferrée espagnole était faible ; elle longeait la côté sur la plus grande partie de son parcours jusqu'en France, ce qui la rendait vulnérables aux entreprises de l'ennemi ;