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la mise sur pied du plan xvii

Il convient de rendre ici cet hommage à l'oeuvre ainsi accomplie par la général Belin et les officiers de l'état-major de l'armée. Si l'acte de mobilisation et celui de la concentration se sont déroulés deux mois plus tard sans heurt et dans l'ordre le plus parfait, il faut qu'on sache que le mérite en revient à ces officiers qui surent, dans des conditions de temps qui n'avaient jamais été réalisées, mettre sur pied cette oeuvre considérable. Parmi eux, je tiens à signaler le commmandant Poindron, chef de la Section du plan, et son chef direct le colonel Ponn qui, après avoit été sous-chef du bureau des opérations, était devenu chef de ce bureau à partir de mars 1914 et s'y distingua par son intelligence et son esprit de méthode alliés à une modestie qui lui attirait toutes les sympathies.

Cependant, il était nécessaire de condenser en un document destiné aux commandants d'armée les grandes lignes de la concentration ; il devait servir à orienter leurs études personnelles et les travaux de leurs états-majors. C'est en février 1914 que j'ai fait rédiger l’Instruction sur la concentration. Elle posait en tête li'dée fondamentale : l'intention du général en chef est de prendre l'offensive lorsque ses forces seront réunies. C'était là l'affirmation d'une doctrine de guerre qui a fait ses preuves aussi bien à la Marne en 1914 qu'au cours des opérations du 1918. Au reste, cette Instruction a été publiée et elle a été discutée dans de si nombreux documents qu'il semble inutile de la reproduire ici.

Cependant je tiens à faire remarquer à son sujet que, dans mon esprit, cette Instruction n'avait pas une absolue valeur d'exécution. Ainsi que je l'ai déjà dit, je ne considérais comme élément ferme de la concentration que les transports jusqu'aux régulatrices : au delà, j'estimais qu'une décision devrait être prise au moment du conflit, en fonction de la situation, et en modifiant, le cas échéant, les données de l'Instruction.

L'Instruction sur la concentration n'était pas limitative dans ma pensée ; elle n'envisageait pas toutes les hypothèses ; elle ne pouvait pas, en raison des directives du