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la mise sur pied du plan xvii

à l'avance les diverses manœuvres que j'avais envisagées.

En fait, il est arrivé qu'en août 1914 une grande partie de cette Instruction s'est encore trouvée valable.

Il faut encore remarquer que, pour les mêmes raisons de secret, le texte de l'Instruction est muet sur la question de la coopération anglaise, sur le rôle que pourrait éventuellement jouer l'armée belge, sur l'emploi éventuel de nos troupes venant d'Algérie, comme sur celui de nos troupes alpines en cas de neutralité de l'Italie.

Les diverses variantes que je fis étudier à l'état-major de l'armée se ramenaient aux idées suivantes :

Remonter vers le Nord la 5e armée, autant que le permettrait la présence des troupes anglaises, c'est-à-dire porter la 5e armée entre la Meuse et la Sambre. Il faut à ce sujet remarquer que les conditions de transport et de débarquement des forces anglaises avaient une rigidité toute particulière : au lieu d'arriver comme nous, tout mobilisés et en ordre de marche, c'est sur la base même de débarquement que les corps d'armée et les divisions britanniques se constituaient ; il en résultait l'impossibilité de varianter une organisation de transport ainsi conçue.

Le mouvement de la 5e armée pouvait se faire d'une part au moyen de variantes de débarquement, d'autre part au moyen de mouvements sur route une fois la concentration terminée.

Renforcer notre aile gauche avec des forces prélevées sur l'aide droite, ou avec des troupes venant d'Afrique et des Alpes. Je fis même envisager dans quelle mesure la mission donnée à l'aide droite pourrait se trouver modifiée en cas de prélèvements importants.

Passage de corps d'armée d'une armée à une autre ; ces mutations ne pouvaient avoir aucun inconvénient sérieux en période de concentration, puisque les armées n'étaient constituées qu'au moment de la guerre. D'ailleurs au cours de la campagne, ce procédé fut constamment employé ; il constitue l'un des moyens de manœuvre dans le cadre d'un groupe d'armées.