LA GUERRE DE MOUVEMENT
Dans la soirée du vendredi 24 juillet 1914, M. Messimy, redevenu depuis trois mois ministre de la Guerre, me fit appeler. Il paraissait préoccupé, et m'annonça que l'après-midi même l'ambassadeur d'Allemagne, M. de Schœn, avait lu à M. Bienvenu-Martin une note dans laquelle le gouvernement allemand approuvait entièrement l'ultimatum autrichien adressé à la Serbie. Cette note, marquant la volonté très nette de l'Allemagne d'appuyer Vienne, était jugée inquiétante par le gouvernement français et l'obligeait à prévoir, ajouta le ministre, que nous aurions peut-être à faire la guerre. L'habitude de songer continuellement à la préparation de la guerre me faisait considérer cette redoutable éventualité sans surprise. Aussi, répondis-je simplement : "Eh bien ! Monsieur le ministre, nous la ferons, s'il le faut." Il faut croire que mon attitude eut le don de calmer le ministre, car il vint à moi, sans dissimuler son émotion, me serra énergiquement