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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/225

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mémoires du maréchal joffre

prendre. Le ministre de l'Intérieur fut en même temps prié de prendre certaines mesures de sûreté, et d'inviter les préfets à agir confidentiellement sur la presse afin d'obtenir d'elle le silence et la discrétion sur nos préparatifs militaires.

Lundi 27 juillet. —— Le lendemain 27 juillet, nous reçûmes une dépêche de notre attaché militaire à Vienne datée de la veille ; d'après ses informations, les 7 corps d'armée austro-hongrois les plus voisins de la Serbie et de la Roumanie paraissaient être totalement mobilisés ; en outre, ceux de Vienne et de Gratz l'étaient partiellement : au total, 23 divisions d'infanterie étaient prêtes à la guerre, sans que l'ordre de mobilisation ait été lancé. D'autre part, les milieux militaires austro-hongrois se vantaient de l'appui de l'Allemagne. Il semblait bien que nous nous engagions sur une pente qui devait infailliblement nous conduire à la guerre.

En ce qui nous concernait, il suffisait de continuer à faire appliquer les diverses mesures prévues, mais il importait de les prendre sans délai ; or, parmi celles-ci, le rappel des permissionnaires n'avait pu obtenir la veille l'assentiment du gouvernement. Ce fut seulement dans la soirée du 27, vers 18 heures, que je pus obtenir du ministre l'autorisation de prescrire télégraphiquement cette mesure dans les corps d'armée frontière et dans le gouvernement militaire de Paris ; vers minuit, la mesure fut étendue aux autres corps d'armée et à la division de Tunisie. Nous venions en effet d'apprendre que les garnisons d'Alsace-Lorraine étaient consignées et, détail caractéristique, que les "collections de guerre" avaient été distribuées dans ces garnisons.

Dans l'ordre des mesures prévues, il y en avait une d'un caractère spécial qui nécessitait une décisions gouvernementale : il s'agissait de savoir s'il y avait lieu de laisser groupées sous le commandement du résident général toutes les troupes du Maroc, tant occidental qu'oriental, ou bien d'en distraire les troupes des confins pour les rattacher au