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mobilisation en autriche

19e corps d'armée, en vue de leur rapatriement sur le continent. M. Messimy soumit la question au Conseil des ministres qui décida que l'on prélèverait sur le Maroc et l'Algérie le maximum d'éléments combattants compatible avec la sécurité de nos possessions nord-africaines.

La tournure que prenaient les événements ne me laissait guère d'illusions : nous allions à la guerre et la Russie allait s'y trouver entraînée en même temps que nous. Ma première pensée fut donc de resserrer la liaison avec nos alliés, et je demandai au ministre que, par toutes les moyens possibles, on insistât auprès du gouvernement de Pétersbourg pour que les armées russes, conformément à nos conventions, prissent sans retard l'offensive en Prusse orientale, si le conflit se déchaînait. On sait l'importance de cette attitude offensive que nous avions demandée à nos alliés, et qu'ils nous avaient promise. Notre attaché militaire et, à ce qu'on me dit, notre ambassadeur furent priés de demander à l'État-Major russe si nous pouvions compter sur eux, en indiquait l'importance que nous attachions à leur offensive en combinaison avec la nôtre. La réponse à notre demande fut l'annonce, quand la guerre fut déclarée, du déclanchement de l'attaque russe.

Mardi 28 juillet. — Le grand souci du gouvernement français était alors de ne rien faire qui ne fût, pour ainsi dire, la réplique d'une mesure prise en Allemagne. Cette sorte de timidité était en grande partie le résultat de l'absence du chef de gouvernement. Cependant, sous la pression des circonstances, les mesures nécessaires furent prises petit à petit. C'est ainsi que fut donné dans la nuit du 27 au 28 l'ordre de rapatrier par voie de terre ou de fer les troupes des corps d'armée de l'intérieur absentes de leurs garnisons.

Dans la matinée du 28, nous apprîmes successivement que l'ordre de mobilisation avait été proclamé en Autriche, et que le premier jour de la mobilisation dans l'empire austro-hongrois était précisément le 28 juillet. Les renseignements transmis par l'attaché militaire français de