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CHAPITRE II


La mobilisation. — La concentration. — La Belgique et l'Angleterre entrent dans la guerre à nos côtés. — Les premières rencontres en Alsace. — 2 août-16 août 1914.


Dimanche 2 août. — Dans la nuit du 1er au 2 août, toutes les communications téléphoniques et télégraphiques avec l'Allemagne furent interrompues ; il en résultat pour nous de sérieuses difficultés pour savoir ce qui se passait de l'autre côté de la frontière : c'est ainsi que le matin du 2, nous ne pûmes acquérir la certitude que l'ordre de mobilisation avait été lancé la veille au soir de Berlin ; ce ne fut qu'assez tardivement que nous en eûmes la confirmation.

Les premiers comptes rendus qui m'arrivèrent me signalaient la bonne continuation des transports de couverture. Il devenait maintenant urgent de fixer leurs missions aux troupes ainsi débarquées. La question des 10 kilomètres était venue compliquer la situation, car nous avions dû abandonner des positions que nous serions sans doute obligés de reprendre plus tard au prix de luttes coûteuses. Or, la situation générale me paraissait suffisamment éclaircie pour qu'il fût possible de reprendre pied dans cette zone interdite. J'exposai mon point de vue au ministre. Mais, en raison des assurances renouvelées que le gouvernement français avait données aux cabinets de Bruxelles et de Luxembourg, aussi bien que l'incertitude de la situation diplomatique, M. Messimy estima qu'il était plus nécessaire que jamais de n'avoir aucun incident de frontière ; il lui parut seulement possible de réduire à