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respect de la neutralité de la belgique

clair, disait-il, qu'une fois la 5e armée engagée dans la direction de Neufchâteau, elle ne pourrait parer à cette dernière éventualité qui n'est envisagée ici que pour mémoire."

Il faut remarquer que dans ce mémoire écrit par le général Lanrezac le 31 juillet, il n'était fait état ni des forces anglaises, ni des forces belges. En outre, on sait que si je n'avais pas cru devoir communiquer par écrit aux commandants d'armée les diverses formes qui pourraient prendre notre manœuvre stratégique, celles-ci n'en avaient pas moins fait l'objet d'études approfondies. En particulier, dans l'hypothèse envisagée par le général Lanrezac, on se rappelle que la manœuvre devait consister à faire tête aux colonnes ennemies dans la région à l'est d'Hirson et de Maubeuge, tandis que, par une marche menée vers le nord à travers le Luxembourg belge, nous porterions un coup dans le dispositif de l'ennemi, en menaçant les communications de son aile droite. Mais il était encore trop tôt pour prendre une décision : le groupement des alliances n'était pas encore précisé. Si nous pouvions espérer le concours anglais, nous n'en étions pas encore certains, et seule la non-coopération de l'armée britannique pouvait être de nature à nous faire étendre notre gauche vers le nord.

La lettre du général Lanrezac, qui visait sans doute à attirer mon attention sur une question dont l'importance ne m'avait pas échappé, demeura donc sans réponse.