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note destinée à orienter les armées sur les formations de réserve allemandes, écrivait encore le 25 août, en parlant des corps d'armée de réserve : "Si ces corps existent, ils sont composés d'éléments peu homogènes faiblement dotés en artillerie (deux groupes par division de réserve dont un groupe d'obusier dans certaines) et n'ont pas d'artillerie de corps[1]." Ceci explique qu'à la date du 8 août nous ne nous attendions pas à trouver en première ligne des unités de réserve chez l'ennemi ; au contraire, comme l'indique d'ailleurs le plan des renseignements de février 1914, nous estimions que la présence de ces unités sur le front pouvait faire admettre que, là où elles seraient engagées, il ne serait point mené d'opérations décisives.

Cet état d'esprit qui fut le mien jusque vers le 23 août fera comprendre que dans nos efforts pour établir la situation de l'ennemi, nous n'ayons tenu qu'un compte insuffisant des grandes unités de réserve, trouvant tant naturel qu'elles n'apparaissent pas sur le front dès les premiers jours.

Il faut l'avouer : l'emploi que les Allemands ont fait en août 1914 de leurs corps d'armée de réserve a été une suprise pour nous, et cette surprise est à l'origine des erreurs d'appréciation que nous avons commises, en particulier en ce qui concerne l'étendue de leur manœuvre vers le nord.

Quoi qu'il en soit, aux premières heures du 8 août, voici de quelle manière semblait se préciser le dispositif ennemi :

En Russie, 4 corps d'armée actifs avaient été déjà identifiés. En Alsace et en Lorraine, 6 corps d'armée étaient reconnus ; en Belgique, 5 corps d'armée[2], si

  1. Note au sujet des formations de réserve et de landwehr du 2e bureau du G. Q. G. en date du 25 août 1914, 15 heures.
  2. Autour de Liége, éléments des IXe, VIIe et Xe corps qui constituaient en temps de paix l'inspection de Hanovre, sous les ordres du général-oberst von Bülow, et peut-être des éléments du IIIe corps ; à gauche du Xe corps , des élements du IVe, dont les postes étaient, le 7 au soir, sur l'Ourthe, à l'est de Ferrières.

    A nos calculs les Belges ajoutaient le XIe corps, à gauche du Xe. En outre, 7 régiments de cavalerie paraissaient avoir passé la Meuse au nord de Liége.