Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/263

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
249
les corps d'armée de réserve allemands

violente, ne pourrait être menée en première ligne que par les unités actives. Par voie de conséquence, il semblait que les unités de réserve ne pourraient au début de la guerre recevoir des missions secondaires : opérations de siège, tenue de front défensif, garde des communications, etc... ; ce serait seulement au bout d'un certain temps de campagne, lorsque les unités de réserve auraient acquis plus de cohésion, qu'elles pourraient être employées au même titre que les formations actives.

A la vérité, la question des corps d'armée de réserve allemands n'avait pas été complétement éclaircie avant la guerre. Nous avions eu connaissance du nouveau plan de mobilisation allemand du 9 octobre 1913, dans lequel il était dit que "les troupes de réserve sont employées comme les troupes actives". "Mais ceci ne sera possible, ajoutait le document, que si les unités contiennent un nombre important d'officiers de valeur du temps de paix." Or, nous croyions savoir que les grandes unités de réserve allemandes composées d'éléments peu homogènes, faiblement dotées en artillerie (deux groupes par division), avaient d'importants déficits en officiers. Elles ne nous semblaient donc pas remplir les conditions imposées par le plan allemand du 9 octobre 1913.

D'autre part, l'étude du même document[1] nous avait montré que le rôle attribué aux divisions de réserve ne semblait pas le même que celui réservé aux corps d'armée de réserve. Seul, ce dernier semblait destiné aux opérations actives, "les divisions de réserve devant servie de troupes de deuxième ligne éventuellement appelées, par exemple, à renforcer un corps d'armée pour une opération déterminée."

Ce que nous savions des possibilités allemandes nous inclinait à émettre des doutes sur l'existence de ces corps d'armée ; si bien que le 2e Bureau du G. Q. G., dans une

  1. Analyse du plan de mobilisation pour l'armée allemande du 9 octobre 1913 adressée en mai 1914 au chef d'état-major général par le 2e bureau de l'état-major de l'armée.