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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/268

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mémoires du maréchal joffre

recevait l'ordre, dans le cas où il devrait passer la Meuse, de se porter à la gauche de l'armée Lanrezac vers Marienbourg. Par surcroît, je lui donnais connaissance des renseignements belges qui dépeignaient les troupes allemandes engagées dans la région de Liége comme fortement déprimées et dans un mauvais état physique et moral ; un officier français, le capitaine Prioux, arrivé le jour même du G. Q. G. belge, confirmait ces renseignements optimistes.

Dimanche 9 août. — L'instruction n°1 avait considérablement élargi la mission de la 1re armée. Pour qu'elle fût réalisable, il était essentiel que l'action du 7e corps et la 8e division de cavalerie fût menée avec vigueur : l'ordre impératif que j'avais envoyé au général Bonneau semblait avoir produit de l'effet. Dans la nuit du 8 au 9, je reçus la nouvelle que nos troupes avaient occupé Mulhouse sans coup férir. Je demandai au général Dubail de me faire connaître les intentions ultérieures du commandant du 7e corps  ; la réponse fut loin d'être celle que j'attendais ; les troupes de ce corps d'armée étaient très fatiguées et incapables de reprendre l'offensive avait un ou deux jours. Or, en raison des faibles distances parcourues, de l'insignifiante résistance de l'ennemi, je ne pouvais attribuer qu'aux hésitations du commandement l'état de fatigue du 7e corps. Ce demi-échec de notre action en Haute-Alsace compromettait sérieusement la suite des opérations de la 1re armée auxquelles j'attachais une importance toute particulière, puisqu'elles devaient me permettre, aussitôt la conquête rapide de l'Alsace achevée, de faire des économies de forces à droite au profit de la manœuvre principale de gauche.

La nécessité m'apparut donc de modifier au plus tôt l'organisation du commandement à notre extrême droite. D'ailleurs j'appris peu après que le 7e corps était attaqué à Mulhouse, et je pouvais redouter que sous les ordres d'un chef hésitant l'affaire ne tournât mal.

C'est alors que je décidai la formation d'une armée