Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/269

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
255
perte de mulhouse

d'Alsace, et je demandai au ministre, pour la commander, le général Pau. La grande réputation militaire et l'énergie de ce dernier me semblaient justifier un pareil choix. Je fixai que cette armée comprendrait outre le 7e corps et la 8e division de cavalerie, le 1er groupe de divisions de réserve, aux ordres du général Archinard, qui devait commencer à débarquer le 18 août, cinq groupes alpins qui devaient arriver à partir du 13 et la 44e division à partir du 15. Enfin, pour me renseigner avec précision sur la situation de notre droite, j'envoyai d'urgence à Belfort deux de mes offciers.

Dans la nuit du 9 au 10 août, la nouvelle fâcheuse de la perte de Mulhouse me parvint ; le 7e corps y avait laissé prendre 300 hommes. D'après les premiers comptes rendus, une faute lourde semblait avoir été commise par le commandant qui avait accumulé sans motif à l'intérieur de la ville des effectifs trop considérables.

Dans la matinée du 9 août, des renseignements importants m'arrivèrent sur la mobilisation anglaise.

Lorsque le gouvernement britannique avait décidé d'entrer dans la lutte, il avait tout d'abord fixé au 5 août le premier jour de la mobilisation ; par suite, d'après nos conventions du temps de paix, les transports de concentration du corps expéditionnaire sur nos chemins de fer devaient commencer le 11, ce qui portait au 21 la date du début des opérations. Or, comme conséquence de retards survenus dans la mobilisation compliqués de certaines circonstances d'ordre intérieur, le premier jour de la mobilisation britannique avait été fixé au 9 août ; on ne pouvait donc espérer voir les forces britanniques débarquées sur le continent se porter en avant que le 26.

Je me trouvais donc dans l'alternative, soit de reculer jusqu'à cette date l'entrée en action de la gauche française, si je voulais y faire collaborer les forces britanniques, soit d'engager les opérations décisives sans attendre le concours de ces dernières. La première solution offrait le double inconvénient de laisser pendant trop longtemps l'armée belge sans appui efficace et de nous faire perdre