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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/27

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mémoires du maréchal joffre

Toute cette concentration se faisait à l'abri de nos fortifications de l'Est ; en avant de celles-ci, la couverture était assurée en première urgence part trois corps d'armée frontière, les 6e, 7e et 20e corps et par trois divisions de cavalerie ; dès le cinquième jour à midi, la couverture était renforcée par des éléments des 1er, 5e et 8e corps.

Nos forces combattantes se trouvaient en mesure d'entrer en action à partir du dix-septième jour de la mobilisation.

La caractéristique la plus frappante de cette concentration était la proportion des forces maintenues au sud de la ligne Paris-Metz ; en effet, sur dix-huit corps prévus pour le front du nord-est, quinze d'entre eux étaient groupés au sud de cette ligne avec leur centre de gravité dans la région de Neufchâteau. Cette concentration tenait évidemment peu compte de la violation de la Belgique par les Allemands, qui cependant apparaissait comme une hypothèse très vraisemblable. Une manoeuvre allemande enveloppant la gauche de notre dispositif assez faiblement garnie, tout notre système se trouvait en danger. Cette hypothèse n'avait manifestement pas été envisagée. Le plan XVI était basé sur la conviction que les Allemands dirigeraient contre nous un coup droit dans la région Metz-Toul-Verdun.

D'autre part, le maintien de l'armée de réserve, le 6e, loin derrière le front, correspondait à la conception stratégie d'alors ; considérant que nos effectifs étaient sensiblement inférieurs à ceux des Allemands, et que nous avions sur nos adversaires un retard dans notre concentration, le plan XVI avait admis, comme d'ailleurs une partie des plans qui l'avaient précédé, que nous devions d'abord recevoir le premier choc en situation défensive, puis contre-attaquer avec des forces réservées et transportées sur l'aile ou sur le point qui semblerait le plus favorable.

Je trouvai dans le coffre-fort de l'ancien vice-président du Conseil supérieur de la guerre un projet de plan de concentration qui montrait que mon prédécesseur s'était