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mémoires du maréchal joffre

vraisemblablement tous les avantages de la priorité de l'action en laissant toute l'initiative à l'ennemi. La deuxième solution nous priviat du précieux appoint du corps expéditionnaire britannique dans les premières opérations.

De ces deux solutions qui présentaient l'une et l'autre de grave inconvénients, je choisis la deuxième, et j'écrivis au président de la République pour lui faire connaître ma décision ; mais, en même temps, je lui demandais de faire part au gouvernement britannique du danger que nous ferait courir un trop grand retard dans l'arrivée de l'armée du maréchal French. J'indiquais, en outre, que l'état-major britannique pourrait peut-être activer les mesures préparatoires qu'il avait à prendre.

D'autre part, comme j'étais sans nouvelles du projet d'armistice germano-belge dont le président m'avait fait entretenir dès le 7, j'exprimais à celui-ci, dans la même lettre, le désir qu'il fût dit au gouvernement belge que le réconfort moral donné par notre corps de cavalerie à son armée ne serait pas le seul, mais que nous lui demandions en échange de continuer l'action si brillamment engagée dans la région de Liége.


Lundi 10 août. — De cette extrémité du théâtre d'opérations, les nouvelles continuaient à ne pas être alarmantes. En effet, si la ville de Liége paraissait bien avoir été prise, les forts tenaient toujours, et la situation morale de l'armée belge nous était signalée comme excellente. Une série de renseignements contribuaient à nous confirmer dans l'impression que la manœuvre principale allemande ne se déroulerait pas en Belgique. En effet, les corps d'armée allemands de la région de Liége ne semblaient plus manifester d'activité, et l'attaché militaire de Russie à Bruxelles signalait ces corps d'armée comme étant en cours de relève par des troupes de réserve qui s'organisaient sur le terrain. On sait quelle interprétation nous devions donner à un pareil renseignement. Bien plus ; dans la journée du 10, un agent arrivant de Cologne nous annonçait que des travaux de fortification étaient en