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mémoires du maréchal joffre

ennemies, atteignait le Petit-Morin, et son corps de gauche (18e) arrivait à Marchais-en-Brie.

Entre Maunoury et Franchet d'Esperey, l'armée britannique n'avançait pas aussi vite que je l'eusse souhaité. Certes, les résultats acquis étaient déjà appréciables. Le 7, j'avais exprimé à lord Kitchener, par l'intermédiaire du ministre de la Guerre, mes chaleureux remerciements pour l'appui constant donné à nos armées par les forces britanniques, et j'avais envoyé à French une lettre personnelle pour lui marquer ma gratitude. French m'avait répondu le jour même en me remerciant de mon message : la situation lui apparaissait maintenant sous un jour favorable, et il me félicitait de "l'heureuse combinaison" que je venais de réaliser. Il n'en restait pas moins que j'étais impatient de voir l'armée britannique accentuer son avance. A trois reprises, dans la journée du 8 septembre, je signalai au commandant en chef anglais l'importance que j'attachais à son offensive ; j'insistai sur la nécessité de marcher au plus vite pour soulager la 6e armée qui portait maintenant tout le poids de la Ire armée allemande, et j'exprimai l'espoir de voir les Anglais en fin de journée déboucher au nord de la Marne.

Mais le maréchal me fit connaître qu'il était arrêté par des arrière-gardes sur le Petit-Morin, et le soir il prit pied seulement sur les hauteurs au nord de cette rivière.

Le 8 au soir, la situation m'apparaissait dans l'ensemble comme très favorable, bien différente de celle que, quelques jours auparavant, j'avais compté réaliser.

Des Vosges à la Meuse, toutes les attaques allemandes étaient maîtrisées, malgré les prélèvements nombreux que j'avais faits sur les 1re et 2e armées.

Le combat de front des 4e et 9e armées ne donnait maintenant l'espoir que l'ennemi n'arriverait point à disloquer notre centre. La droite de l'armée de Langle était maintenant étayée par le 15e corps qui venait d'entrer en ligne à la gauche de Sarrail. Il est vrai que la droite de Foch n'avais encore cédé du terrain, et cela ne manquait pas de m'inquiéter, car de Langle n'était pas encore en mesure de lui