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la bataille de la marne

l'initiative des opérations, en enveloppant notre extrême gauche. Heureusement, le 4e corps d'armée que j'avais retiré précédemment la 3e armée avait commencé le 5 septembre de débarquer à Paris.

Le général Galliéni dirigea dans la nuit du 7 au 8 l'une des divisions (7e) de ce corps d'armée vers Maunoury ; il employa tous les moyens de transport (chemins de fer, auto réquisitionnées) pour accélérer le mouvement de cette division et la mettre dans un état de fraîcheur relative à la disposition du commandant de la 6e armée. Quand à l'autre division du 4e corps (8e) le général Galliéni, d'accord avec Maunoury, se crut tenu de l'engager au sud de la Marne, pour appuyer étroitement le mouvement de l'armée britannique. Cette division était, à vrai dire, complètement inutile dans cette région, et le 8 au matin, elle se trouvait encore sur le Petit-Morin, où elle ne déployait aucune activité. C'est pourquoi je signalai ce jour-là, vers 9 heures, à Maunoury l'utilité de retirer cette division de sa droite et de la porter à sa gauche où elle pourait s'employer avantageusement, et où elle retrouverait les autres éléments de son corps d'armée.

Dans cette même matinée du 8, j'appris une fâcheuse nouvelle : Maubeuge avait succombé la veille. Je venais justement de citer le gouverneur, le général Fournier, pour sa belle défense, mais le radio était arrivé après la reddition de la place. Cet événement arrivait à un mauvais moment : les Allemands allaient récupérer au moins un corps d'armée, qui pourrait être transporté rapidement sur Montdidier ou Anizy. Aussi, à midi, en annonçant cette nouvelle à Maunoury, je l'invitai à découpler le corps de cavalerie Sordet pour agir sur les communications ennemies, particulièrement en direction de Soissons et de Compiègne.

En fin de journée, la 6e armée, loin d'avoir réussi à progresser, résistait péniblement sur place, et se préparait à refuser sa gauche sous la pression croissante de Kluck. Heureusement, la 5e armée continuait son avance victorieuse : tandis que sa droite étayait solidement la gauche de Foch, son centre, surmontant la résistance des arrière-gardes