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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/439

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mémoires du maréchal joffre

que préconisait M. Messimy, consistant à faire fusiller les incapables, on peut dire que ces changements dans le commandement l'avaient déjà épuré et rajeuni.

Quant aux Anglais, ils avaient parallèlement à nous profité de la dure leçon de ce début de guerre. Depuis Waterloo, ils ne s'étaient battus en Europe que pendant la guerre de Crimée. Le saut était brusque. S'ils ne marchèrent pas aussi vite durant la bataille de la Marne que je l'aurais souhaité, et qu'ils auraient sans doute pu le faire en raison des faibles forces que les Allemands avaient laissées devant eux, ils tinrent une place digne de leurs traditions militaires dans cette bataille et y jouèrent le rôle que j'attendais d'eux. Ce loyal soldat qu'était le maréchal French manifestait maintenant une pleine confiance depuis que s'était affirmé le succès de notre manœuvre de la Marne. Malheureusement, il était partagé entre deux influences : l'une représentée par le général Wilson, un homme d'une intelligence très vive, comprenant admirablement toutes les situations, ayant par surcroît l'habitude de nos méthodes et connaissant très bien la France pour laquelle il avait de profondes sympathies, l'autre par le général Murray, chef d'état-major des forces expéditionnaires, qui passait son tenps à donner des conseils de prudence au maréchal. Ce nous fut un grand soulagement quand, quelques mois plus tard, le général Murray fut rappelé en Angleterre.


La poursuite après la Marne


Le 11 septembre au soir, l'ennemi cédait sur tout le front en nous abandonnant des blessés, du matériel et des approvisionnements. Devant la 6e armée et l'armée britannique, il se dérobait vers le nord, cherchant manifestement à placer l'Aisne entre lui et ses adversaires victorieux ; le VIIe corps allemand, qui formait pendant la bataille l'aile droite de l'armée Bülow, était signalé sur la Vesle entre Fismes et Braine, faisant face à la 5e armée ; devant les