Aller au contenu

Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/446

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
429
la campagne d'automne

Mais déjà, le peu d'ampleur donnée par Maunoury à la manœuvre de son aile gauche ne me laissait plus d'illusion sur les résultats que je pouvais attendre de cette armée. Et, dès le 17 septembre, je fus amené à envisager la constitution, à la gauche de la 6e armée, d'un nouveau groupement à qui incomberait la mission que j'avais précédemment confiée à Maunoury.

Pour la réussite de cette manœuvre, il fallait que les armées du front continuassent de montrer une grande activité et qu'elles assurassent, malgré les prélèvements qe j'allais faire sur elles, l'intégrité de leurs positions. Et c'est vraiment à partir de ce moment que la question des munitions devint angoissante.

Vers la fin de septembre, la dotation totale des armées tomba à 400 coups par pièce ; les échelons des gares régulières étaient vides, les entrepôts n'avaient plus qu'une faible réserve : 30 lots (soit 45 coups par pièce). La production journalière n'était à ce moment que de 8 à 10 000 coups par jour.

Le ministre, à qui j'adressai le 20 septembre une lettre pour lui demander de pousser la production journalière à 50 000 coups, me répondit le lendemain :


« Mon cher général,

« La production des munitions de 75 ne me préoccupe pas moins que vous.

« Je m'étais, avant d'avoir reçu votre lettre, rencontré avec vous sur la nécessité d'une fabrication quotidienne de 50 000 coups.

« Elle est impossible dans les conditions actuelles.

« Aussi ai-je réuni hier soir les représentants de la Guerre, de la Marine et de l'industrie privée (Saint-Chamond, le Creusot, chemins de fer, automobiles, etc.), pour voir comment nous arriverions à cette production.

« Ce ne sera pas commode, parce qu'il faut du temps et beaucoup en dépit d'une compétence et d'une bonne volonté indiscutables, pour réunir personnel, matériel, et tout mettre en train.