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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/448

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la campagne d'automne

Ces mesures nous permirent, conjointement avec l'envoi aux armées de batteries d'ancien modèle, d'assurer tant bien que mal le ravitaillement des armées, tout en faisant face aux besoins de la bataille qui se développait peu à peu de l'Oise à la Somme et, à travers la Flandre, allait bientôt gagner le bord de la mer du Nord.

Mais il est certain que cette pénurie de munitions se produisant en un pareil moment gêna considérablement nos opérations. Pour alimenter la bataille dans le nord il fallut mettre en demi-sommeil de grandes étendues du front. L'ennemi put travailler à loisir à ses organisations défensives ; derrière ce front tous les jours plus solide qu'il lui était possible de tenir économiquement, il lui fut facile de faire des prélèvements de forces au profit de son aile droite qui, parallèlement à notre aile gauche, s'étendait vers le Nord. Il lui fut également loisible d'effectuer des regroupements destinés à des actions locales dirigées contre des points sensibles de notre front.

Dans ce dernier ordre d'idées la Ve armée allemande entama à partir du 21 septembre une puissante offensive de part et d'autre de Verdun qui, si elle ne donna pas à nos adversaires tous les résultats qu'ils en attendaient, n'en eut pas moins pour nous de très fâcheuses conséquences.

A la suite du départ du général de Castelnau, de l'état-major de la 2e armée, et du 20e corps d'armée appelés, comme je vais le dire plus loin, vers un nouveau théâtre d'opérations, j'avais dû procéder à une nouvelle répartition des forces et des missions entre les 1re et 3e armées[1].

Tout en remplissant leur mission défensive qui consistait à « assurer la sécurité de la droite de notre dispositif », les 1re et 3e armées doivent « conserver le contact de l'ennemi dans la région à l'est de Metz ».

Le 20 septembre, à la suite de renseignements signalant des forces ennemies en voie de rassemblement dans la région Joinville-Dampvitoux-Essey-Beney-Thiaucourt, je fis

  1. Instruction particulière n° 30 du 18 septembre 1914.