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l'évolution des doctrines

nombre d'officiers l'état-major de l'armée et de l'École de guerre ; la préparation des manœuvres avec cadres d'armée groupa, en dehors des états-majors permanents des membres du Conseil, une dizaine d'officiers de l'École de guerre et de l'état-major de l'armée. D'autre part, certains membres du Comité d'état-major, chefs d'état-major d'armées tels que les généraux Anthoine, Demange et Lindet dirigèrent eux-mêmes pendant l'hiver 1913-1914 un grand nombre de travaux de cors d'armée, d'armées ou de couverture au Centre des Hautes Études militaires.

Je viens de dire que, petit à petit, une doctrine logique et sage de l'offensive s'établit dans une atmosphère de travail. Qu'on ne s'imagine pas qu'elle fût une innovation ou qu'elle fût faite de nouveautés. Nos études faisaient seulement réapparaître les éternels principes de la nécessité de l'offensive, de l'obligation de ne livrer bataille que toutes forces réunies, de l'économie des forces, de la nécessité d'une volonté implacable, de la subordination au but principal de toutes les missions secondaires. Rien dans tout cela qui fût révolutionnaire ou simplement discutable : ce sont les principes mêmes de toutes l'histoire militaire ; ceux auxquels nous devons aussi bien la victoire de la Marne que la victorieuse campagne de la seconde moitié de 1918.

Ce sera l'éternel honneur de cette génération d'officiers d'avoir contribué à sortir l'armée française des nébuleuses théories qui la troublaient depuis si longtemps.

Les grandes manœuvres de l'Ouest à l'automne de 1912 furent une occasion de mettre à l'épreuve avec la troupe le haut commandement.

Deux états-majors d'armée, quatre corps d'armée, deux divisions de cavalerie, une division réserve, des services largement constitués y prirent part. C'était la première fois qu'on faisait des manoeuvres d'armée contre armée. Elles furent intéressantes. Le général Gallieni y était opposé au général Marion. Ces deux chefs de parti y montrèrent un sens stratégique très exact ; ils surent réunir et engager leurs forces dans la bataille en temps