Aller au contenu

Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/72

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
63
l'artillerie

à gros effets d'écrasement contre les fortifications. On se rappelle que le Conseil supérieur de la Guerre dans sa séance du 19 juillet 1911 avait approuvé mes conclusions.

Lorsque je fus nommé chef d'état-major général, je me préoccupai de faire aboutir ces questions qui me paraissaient fondamentales. Je m'enquis de ce qu'avait fait la direction de l'artillerie, qui avait officiellement annoncé qu'elle comptait proposer prochainement l'adoption de certains matériel en construction dans les ateliers d'artillerie de Puteaux.

Malheureusement le directeur de l'artillerie dut bientôt avouer qu'il n'était pas en mesure de soumettre des modèles de canons nouveaux ; aucun des matériels à l'étude aux ateliers de Puteaux n'était encore sorti de la période des premiers essais ; et on me laissa entendre qu'un délai de deux ou trois ans serait nécessaire pour aboutir.

En présence de ces décevants résultats, j'estimai qu'il fallait avant toute chose mettre de l'ordre dans les études techniques, et établir un programme ferme, donnant une conception d'ensemble du système d'artillerie recherché et destiné à orienter les esprits des inventeurs. Ma conviction était que la disparition du Comité technique de l'artillerie était, pour une bonne part, dans l'impuissance que je constatais ; j'obtins du ministre une décision créant une commission des nouveaux matériels, à la tête de laquelle fut placé le général de Lamothe, homme d'une remarquable clairvoyance et d'une haute compétence. Cette commission reçut l'ordre d'établir les programmes d'études de l'obusier de campagne et du canon long.

Un mois plus tard le général de Lamothe, après entente avec l'état-major de l'armée, présentait au ministre un programme d'essais concernant l'obusier de campagne et le canon long à grande portée.

L'obusier léger devait être à tir rapide, assez mobile pour suivre le 75 dans toutes les circonstances, assez puissant pour produire des effets de destruction supérieurs à ceux du 75, à champ de tir étendu, à portée aussi grande que possible.