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l'artillerie

légers de siège. En France, on n'a pas fait suffisamment d'efforts pour les suivre. Le Rimailho, encore qu'il soit satisfaisant, n'existe qu'en faible proportion. Le nombre de batteries prévues à la mobilisation est de 42, chaque batterie a deux pièces. Les progrès à réaliser pour améliorer l'état de choses actuel devront s'effectuer en deux périodes :

Pendant la première, il faudra recourir à des moyens de fortune. On utilisera des pièces de 120 ou 220 comprises actuellement dans les équipages de siège ou dans l'armement des places. Pendant la deuxième période, on substituera à ce matériel provisoire une artillerie lourde composée de pièces à tir rapide et répondant aux besoins de la guerre future ; cette substitution demandera du temps et nécessitera des dépenses considérables.

Le retard apporté à la création d'une artillerie lourde équivalente à celle de nos adversaires probables est imputable à l'extrême lenteur de nos services techniques, qui, poursuivant toujours de nouveaux progrès au lieu de chercher des réalisations, multiplient les expériences, et n'aboutissent jamais. Constatant l'impuissance des organes compétents, j'ai déjà songé à faire appel à l'industrie privée qui depuis longtemps fabrique de l'artillerie pour des puissances étrangères ; peut-être, par ces moyens, sera-t-il possible d'arriver plus vite au résultat cherché.


Le problème défini par le ministère était bien posé, et les solutions nettement indiquées.

Mais la question de la transformation de l'artillerie entraînait comme corollaire une question de personnel : pour constituer et servir une artillerie lourde nouvelle, il fallait des hommes ; or, avec le service de deux ans, et les nouvelles créations qu'il avait fallu faire, il était impossible de trouver des hommes disponibles. J'envisageai alors l'utilisation de quelques batteries de côte dont certaines, affectées à des points peu menacés, me semblaient pouvoir être plus utilement employées en servant l'embryon de notre artillerie lourde. Lorsque ce projet fut connu, il souleva de véhémentes protestations dans le monde parlementaire et dans certains milieux militaires qui affectaient de croire que supprimer une batterie à Royan ou à Port-Vendres