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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/83

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l'artillerie

d'artillerie lourde, il m'avait paru nécessaire de présenter le concours de l'artillerie courte comme parfois nécessaire, et non comme toujours indispensable. Tant que nos ressources en pièces lourdes ne seraient pas développées, il était inutile d'insister davantage sur l'aide puissante que ce matériel devait apporter aux combattants.

C'est également pour des raisons psychologiques que je ne crus pas devoir trop insister dans ce document sur le caractère provisoire de l'organisation projetée. Je ne voulais pas laisser supposer aux officiers de troupe entre les mains desquels ils se trouveraient, que tout serait bientôt modifié, et que leurs exercices, leurs travaux, leurs réflexions sur les procédés d'instruction et le mode d'emploi étaient voués à de prochains changements.

Tels furent les motifs qui inspirèrent cette note. Les membres du Conseil supérieur de la Guerre ne se rallièrent pas sans réserve aux solutions projetées. Les avis du Conseil furent assez partagés. Le général Dubail écrivait : "La note est empreinte d'un optimisme que je ne partage pas." Et le général Chomer faisait au même moment l'observation suivante : "Elle (la Note) donne l'impression que les Allemands sont beaucoup mieux outillés et armés que nous."

Je ne veux pas finir ce chapitre consacré à l'artillerie, sans signaler un point généralement mal connu.

Nos services de renseignements nous avaient fait connaitre dans le courant de 1913 que les Allemands avaient récemment mis en service divers types de "Minenwerfer". Très préoccupé de ces renseignements, je demandai en octobre de la même année à la 3e direction de pousser avec la plus grande activité l'étude d'engins analogues qui nous faisaient entièrement défaut. Malgré trois rappels successifs, la direction de l'artillerie fit connaître dans les premiers mois de 1914 qu'elle ne comptait pouvoir aboutir dans cette question que dans un délai encore indéterminé. J'envisageai alors, d'accord avec le général Chevalier, directeur du Génie, de demander l'autorisation de passer à l'industrie privée une commande de "mortiers de tranchées",