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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 1 1882.djvu/343

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C’était plus qu’il n’en fallait pour me faire tenter de traduire ou d’imiter en français la chanson qui lui avait causé tant de plaisir. Elle se trouve, ainsi que cinq autres du même genre, et la romance de Marie Stuart, dans un recueil de musique copié de ma main.

J’ai fait en cela un tour de force ; car la difficulté est grande de calquer des paroles françaises sur ces airs originaux, sans les dénaturer. Il y a une de ces chansons qui n’a pu être faite qu’en vers masculins, où se trouvent de suite trois ou quatre vers de deux syllabes, la chute de toutes les phrases musicales étant appuyée et masculine. Il m’accompagnait quelquefois ces airs sur l’harmonica, instrument, comme on sait, de son invention.

Son commerce était exquis : une bonhomie parfaite, une simplicité de manières, une droiture d’esprit qui se faisait sentir dans les moindres choses ; une indulgence extrême, et par-dessus tout, une sérénité douce qui devenait facilement de la gaîté ; telle était la société de ce grand homme, qui a mis sa patrie au nombre des états indépendans, et fait une des importantes découvertes du siècle.

Il ne parlait un peu de suite qu’en faisant des contes, talent dans lequel il excellait, et qu’il aimait beaucoup dans les autres. Ses contes avaient toujours un but philosophique. Plusieurs avaient la forme d’apologues que lui-même avait imaginés,