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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 1 1882.djvu/358

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bons exemples ; car, d’abord, selon votre charmant apologue, ils sauront se retourner contre l’aigle qui les emporte, et, en lui enfonçant les griffes dans le ventre, le forcer de redescendre à terre pour se débarrasser d’eux. Nous devons aussi leur rendre cette justice, que nous n’avons jamais vu entre eux la moindre dispute à la gamelle, qu’on leur porte régulièrement deux fois par jour. Chacun prend son morceau, et le mange en paix dans un coin. Enfin, après s’être sauvés de la gueule du bull-dog, comme vous autres Américains de celle de John-Bull, ils ne se mettent pas en danger par leurs dissensions intestines : ils ont du bon.

» Voilà bien des folies, mon cher et respectable ami ; je me les suis permises, parce que vous les aimez et que vous êtes vous-même fort enclin à en dire, et, qui pis est, à en écrire. Mais si vous craignez de perdre de votre considération chez vos compatriotes en laissant apercevoir ce goût, vous vous enfermerez pour me lire, et vous ne direz rien au congrès du projet que je vous propose de vous envoyer des chats d’Europe. Un obstacle s’y opposerait d’ailleurs, quant à présent : notre traité de commerce avec vous n’est pas plus avancé qu’à la paix, et en attendant la conclusion de ce traité, je ne sais pas ce qu’on ferait payer de droits d’entrée à ma cargaison de chats arrivant à Philadelphie ; et puis, si mon navire ne trouvait à se charger chez vous que de farines, il ne pourrait pas