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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 1 1882.djvu/51

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gie ; et, mon quinquennium achevé, je soutins en effet ma tentative d’une manière qu’on appelait distinguée dans la sphère étroite des écoles.

Mais là finissaient mes moyens. Pour entreprendre de courir la licence, il fallait des secours que ma famille ne pouvait me fournir. Je m’adressai à un mien cousin germain, élevé au collège d’Harcourt, et qui était alors en philosophie. Ce cousin était fils d’un vieux marin, frère de mon père, et devenu capitaine de vaisseau de la compagnie des Indes, après avoir commencé par être mousse. Le capitaine venait de mourir en laissant à son fils quinze ou vingt mille livres de rente. Mon cousin me donna 1000 fr., avec lesquels j’entrepris non-seulement de courir la licence, mais de me faire agréger à la maison et société de Sorbonne. Cette route pouvait me conduire plus aisément à quelque établissement utile ; mais elle était en effet plus coûteuse que la simple licence, que j’eusse faite comme ubiquiste : c’est le nom qu’on donnait à ceux qui faisaient leur licence sans être attachés à aucun corps ou société.

Pour entrer dans la maison de Sorbonne, il fallait subir des épreuves, donner de bons renseignemens de sa conduite et de ses mœurs, et pour ceux qui, comme moi, ne tenaient qu’à des familles obscures, faire espérer quelque mérite et quelques succès. Je me tirai de tous ces examens ; je fus reçu dans la maison, et j’y obtins un logement ainsi que mes jeunes confrères.