Aller au contenu

Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 1 1882.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vicaires. Quand j’y arrivai, les maîtres de conférence étaient l’abbé Sigorgne, depuis professeur de philosophie au collège du Plessis, bon mathématicien et le premier qui ait enseigné dans l’université de Paris, ce qu’on appelait alors le système de Newton ; l’abbé de Launay, depuis professeur de théologie en Sorbonne et archidiacre de Paris ; l’abbé Camyer, de la maison de Sorbonne, depuis professeur de philosophie au collège du Plessis, auteur d’un très-bon cours de philosophie, et plusieurs autres, inconnus aux gens du grand monde, mais qui, dans leur sphère, ont bien mérité des lettres et concouru à l’instruction publique.

Ces leçons, ces exemples, ces motifs d’émulation excitèrent la mienne. Je travaillais avec ardeur. Je contentai mes maîtres et mes professeurs du collège de Navarre, et je gagnai l’amitié de mon supérieur, qui, ayant reconnu en moi de l’application et quelque bon esprit, me fit maître de conférence. Ma pension ne me coûta plus rien. Je devins bientôt philosophe et théologien très-argut. Je poussais surtout les objections avec une grande adresse ; je me défendais moins bien que je n’attaquais ; mais enfin, sur plus de cent jeunes gens de toutes provinces, j’étais ce qu’on appelait un des meilleurs sujets.

Ces petits succès déterminèrent mon père et ma famille à faire encore un effort de dépense pour me faire obtenir le grade de bachelier en théolo-