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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 1 1882.djvu/54

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de moines, ou élever contre elle les mêmes reproches ? On n’y faisait point de vœux. Pouvait-on la taxer d’alimenter les pratiques superstitieuses ? La messe et les vêpres, les fêtes et dimanches, étaient les seuls exercices religieux. Le but des fondateurs, l’étude de la théologie, étant bien connu et bien déterminé, et n’ayant rien de contraire à la tranquillité publique, la fondation devait être regardée comme un simple club, ayant, si l’on veut, des occupations futiles, mais non nuisibles à la société. Détruire et dissoudre une pareille association, c’est donc porter atteinte à la liberté de ceux qui la composent, chacun ayant le droit de faire ce qui ne nuit pas à un tiers, et laissant à tous la liberté d’en faire autant.

En supprimant cet établissement, sans aucun dédommagement pour les associés, n’a-t-on pas commis aussi une insigne violation de la propriété envers chaque membre ? Pour entrer dans la société, chacun avait prolongé son éducation, subi des épreuves, fait des frais ; ces avances et leurs fruits étaient sa propriété.

De quel droit et avec quelle justice les assemblées, dites nationales, m’ont-elles privé de ces avantages, pour toujours, sans m’en donner la moindre indemnité ? J’avais ma part, au moins ma vie durant, de la propriété usufruitière des cinquante mille livres de rente attachées à l’association dont j’étais membre ; j’avais ma part de l’habitation, de l’usage d’une grande bibliothèque, des