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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 1 1882.djvu/55

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salles communes, du pain, du vin, que la maison fournissait à un prix modique ; et, sous prétexte que c’était là un établissement public, on me prive de tout ! Il a fallu renoncer aux plus simples notions de la justice et de la propriété, pour se permettre une telle spoliation ; et cependant, je le répète, je suis presque honteux d’avoir parlé de celle-là au milieu de tant d’autres bien plus criantes et plus barbares.

Mon admission dans la maison de Sorbonne me procura dès-lors un avantage précieux, en me faisant vivre sous le même toit et en me liant avec de jeunes ecclésiastiques, dont plusieurs, destinés par l’ancien ordre des choses à occuper les premières places du clergé, pouvaient me conduire à leur suite dans la carrière de la petite fortune que je pouvais raisonnablement ambitionner.

C’était d’abord M. Turgot, voué par son père à l’état ecclésiastique, et qui, entré comme moi dans la maison en 1748, ne la quitta qu’en 1750, à la seconde année de sa licence, au moment de la mort de son père ; l’abbé de Brienne, Loménie, depuis si connu par sa fortune et ses malheurs ; l’abbé de Cussé Boisgelin, depuis archevêque d’Aix, et qui nous suivait immédiatement dans l’ordre des licences, etc.

Je prendrai cette occasion de dire ici quelque chose du caractère des deux premiers, qui, appartenant d’ailleurs à l’histoire, seront mieux connus par elle. Je parlerai d’abord de M. Turgot.