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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 1 1882.djvu/70

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vêque de Bordeaux et garde-des-sceaux ; enfin, l’abbé de Marbœuf, depuis archevêque de Lyon et ministre de la feuille.

Mon élève, sans avoir un esprit brillant, l’avait juste et droit ; ajoutez une probité parfaite, une douceur, une égalité, une bonté de caractère qu’il a gardées dans tout le cours de sa vie : dispositions que je me flatte de n’avoir pas altérées en lui, si même je ne les ai cultivées. Nous fûmes bientôt accoutumés l’un à l’autre, et il m’a toujours témoigné une bienveillance et un intérêt que j’ai toujours conservés pour lui : ce que je rapporte à mon éloge comme au sien.

L’abbé de Rohan était dès-lors ce qu’il s’est montré depuis, haut, inconsidéré, déraisonnable, dissipateur, indécent, de très-peu d’esprit, inconstant dans ses goûts et ses liaisons. J’étais pourtant assez bien avec lui ; et, sauf une petite querelle survenue dix ou douze ans après dans je ne sais quelle affaire qu’il avait avec l’abbé de Grimaldi, évêque de Noyon, j’ai continué de le voir et d’en être assez bien traité. Je lui ai même rendu quelques petits services littéraires dans des occasions assez importantes, et notamment, en lui faisant un mémoire dans l’affaire de l’abbé Georgel contre le comte de Broglio, sans avoir jamais reçu de lui aucune marque d’un intérêt véritable : il avait à sa nomination plusieurs bénéfices, comme abbé de la Chaise-Dieu, abbé de Montmajour, etc. ; mais il les donnait aux amis du prince.