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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 2 1882.djvu/106

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çaise s’était constamment et si heureusement garantie ?

» Vouloir faire un lycée, une société littéraire libre, comme vous nous y invitez, citoyen ministre, c’est renoncer au plus grand, au plus important des avantages de l’ancienne Académie.

» L’Académie avait deux caractères principaux : elle était dépositaire et conservatrice de la langue et des principes du goût ; et, en même temps, elle était la plus brillante des récompenses littéraires, l’encouragement le plus noble des talens, et surtout de celui d’écrire, si important aux progrès de l’esprit humain. C’est par la réunion de ces deux caractères qu’elle était distinguée de tous les autres établissemens littéraires, et qu’elle produisait les effets utiles que nous en avons vus. En formant un corps littéraire occupé de composer un dictionnaire, une grammaire, une rhétorique, etc., on ne fera que la moitié de l’ancienne Académie ; que dis-je, la moitié ? on ne fera rien de ce qu’elle était, mais une toute autre chose.

» On allègue contre le rétablissement de l’Académie française qu’une loi a supprimé ce titre. Mais en supprimant la compagnie, la loi n’a pas pu effacer du dictionnaire les termes d’Académie française, ni défendu qu’à l’avenir un corps autorisé par le gouvernement ne s’appelât du même nom.

» Quand la loi qui a supprimé l’Académie eût étendu sa proscription jusqu’au nom même, en