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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 2 1882.djvu/107

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détruisant la chose, comme les anciens académiciens ne prétendaient se réunir de nouveau que sous les auspices, avec la protection et en vertu d’une loi nouvelle qui révoquerait l’ancienne, en prenant le nom d’Académie française, ils ne violeraient aucune loi.

» Telles sont, citoyen ministre, les idées que je m’étais faites du projet que votre amour pour les lettres vous a conduit à nous proposer ; j’ai pu croire, sans être coupable de légèreté, qu’elles étaient aussi les vôtres, et plusieurs de mes anciens confrères en ont ainsi jugé. Je comprends cependant fort bien comment divers obstacles ont pu traverser vos favorables intentions ; mais si l’opposition d’un corps savant, illustré par les talens les plus recommandables et les plus nécessaires à la chose publique ; celle des prétendus patriotes, qui voient une conspiration dans le rétablissement d’un ancien corps littéraire, conservateur de l’esprit de liberté et d’égalité au sein de la monarchie ; si l’opposition, enfin, de cette classe nombreuse de littérateurs qui désespéreraient de s’ouvrir les portes du nouveau temple ; si tous ces obstacles ont été assez puissans pour empêcher l’exécution d’un premier plan, manifestement le plus utile et le plus naturel, ne traverseront-ils pas celui auquel on s’est réduit ?

» Pourra-t-on lui donner quelque solidité, surtout en l’exécutant sans le concours du Corps lé-