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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 2 1882.djvu/108

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gislatif, qui peut seul le doter ? Et, dans cette incertitude, convient-il aux membres de l’ancienne Académie d’attacher leur sort et leur nom à un établissement dont ils ne peuvent prévoir la destinée ?

» Pour moi, citoyen ministre, malgré mon désir sincère de faire ce qui pouvait être agréable à un ministre ami des lettres et bienveillant pour ceux qui les cultivent, je ne crois pas pouvoir entrer dans la nouvelle société littéraire que vous vous proposez, sans doute, de rendre honorable et utile, mais qui n’est plus celle dont je connaissais l’institution, la composition et l’esprit, et à laquelle je comptais m’associer. »

Dans ma lettre à Duquesnoy, après quelques remercimens de l’intérêt qu’il avait pris à cette négociation, et l’analyse des principales raisons de mon refus, j’ajoutais : « Vous ne pouvez douter que ma résolution ne soit dictée par une conviction entière de l’inutilité et des vices de l’établissement qu’on propose à la place du premier. Vous savez, mieux que personne, que je fais en cela un assez grand sacrifice, vous qui connaissiez les intentions généreuses du ministre, et qui n’ignorez pas qu’à soixante-quatorze ans, après avoir perdu 30,000 livres de rente, ayant avec moi une sœur sans fortune, j’aurais trouvé dans les avantages qu’on nous faisait quelque assurance de garantir notre vieillesse du besoin, lorsque je ne pourrai plus fournir à un travail assidu qui me devient