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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 2 1882.djvu/45

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tenir les confiscations qui en étaient la suite. Mais ces vérités avaient beau être évidentes, lorsque tel était le malheur des temps, qu’il était devenu nécessaire de prouver que deux et deux font quatre, et qu’on n’en venait pas toujours à bout : c’est la situation où nous avons été presque dans tout le cours de la révolution, et dont nous sommes encore bien loin d’être quittes en ce moment[1].

Qu’on se figure toutes les raisons puissantes qui égaraient encore l’opinion, et qu’il ne faut pas perdre de vue si l’on veut apprécier, avec quelque justice, le service qu’a rendu l’auteur du Cri des Familles aux cliens dont il a embrassé la cause. Qu’on se rappelle les besoins dévorans du fisc pour subvenir à la misère du peuple et aux frais de la guerre ; l’habitude qui avait familiarisé les âmes avec la ruine et la spoliation, au point que les restes malheureux des familles proscrites semblaient se contenter d’avoir échappé au sort de leurs pères ; et ces maximes sans cesse ramenées par des politiques féroces, que des injustices étaient des effets inévitables et nécessaires des révolutions ; que le salut du peuple est la suprême loi.

Mais, pour écarter toute espèce de doute sur l’utilité de mon travail, il me suffira d’indiquer ici les débats de la Convention à ce sujet, et les opinions de plus d’un député en crédit, tels que

  1. Écrit vers 1800.