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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 2 1882.djvu/51

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neville le projet que d’autres personnes avaient formé dans les mêmes intentions qu’elle. Je leur dis que je garderais ces premiers fonds pour être joints à ceux qu’on se proposait de recueillir, et que ces cent louis seraient la première pierre du monument qui constaterait la générosité de mes cliens pour leur défenseur. Je n’ai pas besoin de faire observer le sentiment de noble bienfaisance qui se montre dans le procédé de Mme Lavoisier, que je connaissais à peine, et qui, sans promesses antérieures, sans s’inquiéter si d’autres feraient ou ne feraient pas comme elle, de son propre mouvement et pour satisfaire son cœur, me faisait un présent si considérable, surtout à l’époque où je l’ai reçu. J’ose me rendre le témoignage que la reconnaissance et l’attachement que m’a inspiré pour elle son procédé m’acquittent envers elle de la seule manière qu’elle puisse agréer.

Je ne manquai pas de dire à M. de Vaisnes ce qu’avait fait pour moi Mme Lavoisier ; il en instruisit Mme de Vergennes qui poursuivait toujours son plan avec la même grâce et la même bonté. Si elle trouva les obstacles insurmontables, je n’en suis pas moins touché de ses efforts généreux ; et je puis dire que cet empressement de quelques belles âmes à reconnaître les faibles tentatives d’un vieillard pour défendre la justice et le bon droit, fut une des plus douces récompenses de mes travaux, récompense d’autant plus douce que je n’y avais jamais songé.