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Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 2 1882.djvu/52

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J’ai souvent entendu mes amis s’étonner de n’avoir pu réaliser leur projet. Ils citaient l’exemple des catholiques d’Irlande qui, ayant été défendus de je ne sais quelle oppression du gouvernement anglais par un écrivain désintéressé, s’étaient réunis en quelque nombre pour lui faire un semblable présent. Je remercie mes amis de leur zèle, et je crains que ce zèle n’ait été trop loin.

C’était pourtant un assez joli château en Espagne. Je me berçais quelquefois de l’idée de retrouver, au moins en partie, mon prieuré de Thimer, une laiterie, une basse-cour, un petit domaine rural ; j’étais heureux, en imagination, de rassembler encore ma famille autour de moi dans ma retraite, et d’y respirer de tant de maux et de crimes avant de mourir.

Pour achever mon rêve, je dirai que j’aurais proposé à mes bienfaiteurs de mettre sur la porte de ma nouvelle maison l’inscription suivante :


A gnatis pareOb recuperata
À gnatis parentum indignè occisorum bona,
A gnatis pareInjustè fisco addicta,
A gnatis pareActori causæ suæ
A gnatis pareAndræ Morellet,
Grati in eum animi monumentum.
A gnatis pareHas œdes
Nec non contigua ruris jugera C.
Orba : ac mœrentes familiæ
A gnatis pareDono dedere.